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ECHO PRISM

Groupe de METZ 

 

Interview d'origine pour l'émission Electrophone :

Il y a deux ans, à l’occasion de la réédition de l’album Side by Side de Candidate par Desire Records, nous avions interviewé Cécile Coiffard. Depuis, l’idée de réaliser des interviews de groupes lorrains disparus, mais connus encore par quelques aficionados, trottait de plus en plus dans la tête d’Electrophone.
C’est pourquoi, dorénavant, et à intervalles plus ou moins réguliers, Electrophone mettra en lumière sous la rubrique DIG, des groupes lorrains oubliés de tous, mais qui ont connu leurs heures de gloire dans le passé avec seulement un 45t ou plusieurs albums.
Pour le premier volet de cette série, on reste dans la scène new wave guidée par les Nancéiens de Candidate et Kas Product pour interviewer les membres du groupe Echo Prism. Formation messine formée en 1982 avec pour seule trace discographique un unique 45t paru en 1985.

Comment est né le groupe ? Quels sont les membres du groupe ? Quels étaient leurs parcours avant Echo Prism ?

Boobie : Echo Prism est né fin 1982- début 1983. À l’époque, mon frère Jean Etienne et moi (Christophe Noiré alias Boobie) nous débutions respectivement à la batterie et à la basse, accompagné d’un copain dénommé Fredo. Celui-ci était un féru de guitare électrique (pour l’anecdote, son père a été bassiste sur le 1er album de Charlélie Couture, Le Pêcheur). J’avais 16 ans à l’époque et l’on répétait sans prétention dans ma chambre, chez mes parents.

Nous avons fait ensuite la connaissance de Christophe Michels (Tof), guitariste confirmé et Augustin Sorigue, tous les deux apprentis SNCF aux ateliers de Montigny-lès-Metz. Augustin allait s’initier aux claviers (Korg MS20 à l’époque). Par la suite, je ne sais plus trop par quels concours de circonstances un noyau s’est constitué : Christophe, Augustin et moi, jusqu’en 1985.
Nous répétions alors dans l’appartement d’Augustin situé à Montigny que nous avions pris soin de calfeutrer à l’aide de dizaines de cartons d’œufs afin d’insonoriser les lieux.
Le rythme était alors assuré par une boîte (TR606)… Quelques mois plus tard Christophe Mathieu (Mat), lui aussi employé SNCF, s’est joint à nous pour assurer la partie rythmique. Excellent batteur connu dans le milieu rock alternatif nancéien, il utilisait une batterie Simmons (pads électroniques).Nous répétions toujours chez Augustin, mais dans une cave aménagée, dans le centre-ville de Metz, non loin de l’actuel cinéma Caméo.

Tof : 1982, les années Mitterrand, les 39 heures et sa cinquième semaine de congés, le minitel et le premier bébé-éprouvette, mais surtout la fête de la musique. Ah, j’allais oublier Echo Prism, ces pieds nickelés que le hasard aura fait se rencontrer… Augustin au clavier (au singulier), Christophe à la basse, Christophe à la guitare et au chant et une tr 606 pour le beat, avantageusement remplacée par la suite par Christophe à la batterie. Il ne vous aura pas échappé que certains prénoms devaient être bon marché dans les années 60. Nous avions tous entre 16 et 19 ans, tout était permis ou presque, un premier départ.

Boobie : En 1986, le groupe atteint sa formation définitive avec la venue de Didier Gessert (Zouzou), guitariste hors pair qui a étoffé notre musique par son influence gothique (Sister of Mercy, Bauhaus, Fiel of the Nephilim, …)

À noter la participation éphémère de Cyrille au saxophone sur le 45 tours.

D’où vient le nom Echo Prism ?

Tof : Nous nous sommes souvent posés la question, sans doute avions nous trouvé cela joli… Sur certains articles, on vous compare à Fischer-Z et The Sound voire même jusqu’à Cure et Joy Division.

Quelles étaient vos influences et inspirations à l’époque de la création du groupe ?

Tof : Nous écoutions tous à l’époque beaucoup de musique, chacun avec nos influences mais émergeaient de nouvelles sonorités, conditionnées par une technologie en pleine expansion. Les boîtes à rythmes, les premiers synthés polyphoniques enfin accessibles tout publics. Comment ne pas être tenté par l’exploration?

Boobie : C’est avec EP que notre style new wave s’est forgé. Augustin était à l’affût des groupes émergents de l’époque, Tof plutôt son numérique, et les autres membres du groupe apportaient leurs influences anglophones. Le chant étant assuré par Tof, nous avons respecté son désir de chanter en français pour la quasi-totalité de nos morceaux (à l’exception des reprises de The Cure et de The Sound).

Pouvez-vous nous parler des morceaux et de leurs enregistrements au studio SRC ?

Boobie : L’idée était d’avoir un morceau « speed » et un morceau « cool ». Par contre, nous étions opposés au principe face A face B… J’ai un vague souvenir de la phase d’enregistrement.

Tof : De l’Echo Prism minimal, le studio Lafayette, un 16 pistes à Nancy, un accueil vraiment sympa, quel moment pour nous.

l n’y a que deux titres sortis sur 45t (« Jade Flower » et «Mère Albion" ). Pourtant, en fouillant sur youtube, on tombe sur quatre autres titres. Quand ont-ils été enregistrés et pourquoi "Red Rain"  , « Le Chien Andalou"  , « Etoile d'un Soir"  , « Complicité Silencieuse"  ne sont-ils jamais sortis ?

Boobie : Ces titres ont été enregistrés de A à Z par Tof qui, passionné par la sono, avait monté un mini studio à domicile et avait assuré l’ensemble des enregistrements (guitare, basse, boîte à rythmes, claviers), pendant que les autres flirtaient avec leurs groupies… Il me semble qu’ils ont été enregistrés après 1988.

Pourquoi avoir choisi de sortir votre 45t en autoproduction ?

Boobie : L’intérêt était de disposer d’une carte de visite afin de prospecter pour décrocher des concerts. Beaucoup de groupes procédaient ainsi à l’époque. Nous avons imprimé 2500 45T, il nous en reste encore quelques dizaines à écouler, si le cœur vous en dit.

Pourtant, on vous retrouve sur le label Cabana sur discogs. Pourquoi ?

Tof : Cabana était une société qui produisait des vinyles, entendez par « produire », « fabriquer ».

Le 45t est paru en 1985. Pouvez-vous revenir sur le contexte musical de la région à l’époque de la sortie du disque ? Était-ce une période prolixe ?

Boobie : Il y avait quelques groupes qui tournaient à l’époque sur Metz : Factory Gate (qui faisait souvent nos premières parties), il y avait aussi Salomé avec leur leader Dom, qui assurait un max dans un style Pop funk R&B. Il y avait également un duo messin H/F, les Nihil Void, qui était de tendance cold wave.

Tof : Extrêmement fertile. Nous assumions parallèlement l’organisation et la sonorisation de concerts, principalement en Alsace et Moselle. Beaucoup de rencontres, de nombreuses et talentueuses formations, des passions communes, des différences, quel enrichissement.

Le groupe est originaire de Metz et joue de la new wave. Quels étaient vos relations avec la scène nancéienne et les groupes comme Kas Product, Candidate et autres ?

Tof : Il nous est arrivé d’être sollicité pour sonoriser des concerts sur Nancy et ses environs. Caveau des Dom, Le Métro, la Guimbarde sur Flavigny et autres. Notre relation avec les acteurs de la scène musicale Nancéienne s’arrêtait hélas là. Nous allions parfois à leurs concerts.

Boobie : A propos de Kas Product, je les ai revus en concert très récemment (en 2013) à l’Akwaba tout près d’Avignon, à l’occasion d’une tournée exceptionnelle, d’un concert exceptionnel, l’esprit cold wave de l’époque n’a pas pris une ride. J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec les très sympathiques Mona et Spatz. Une soirée mémorable !

Avez-vous fait beaucoup de scènes ? J’imagine que la première partie de The Lotus Eaters est un fait marquant de la très courte carrière d’Echo Prism ?

Boobie : Très courte, très courte, … nous avons réalisé notre rêve en une demi-décennie. Certes, 30 ans après, on aurait souhaité poursuivre encore ce rêve, si les obligations de la vie active ne nous y avaient pas contraints.
La première partie des Lotus Eaters a été l’occasion pour nous de jouer sur certains des instruments du groupe : quel honneur j’ai eu de jouer sur l’ampli de Michael Dempsey (bassiste des Cure à ses débuts)!

Tof : De rares premières parties dont Lotus Eaters à qui on a mis une raclée au foot en salle. On s’est bien marré ! Nous avons réalisé par ailleurs une tournée dans le sud de la France durant l’été 1984, et de nombreux concerts en Lorraine. Nous nous sommes produits à plusieurs reprises à Metz (salle Braun, Marc Sangnier, Trinitaires, Club 33, …). Enfin, nous avons eu l’occasion de participer à plusieurs tremplins rock (Tours, Nancy et Avignon).

Quels sont les autres faits marquants pour le groupe ? Comment vous-êtes vous retrouver dans le classement « Autos et indés » du magazine BEST.

Boobie : J’ai le souvenir d’un passage sur FR3 Lorraine, c’était en 1985. Je m’en souviens, car cela m’avait valu une bonne note au bac français…L’examinateur m’avait reconnu et m’avait laissé le choix du sujet… C’est beau la célébrité, non ?

Tof : Une anecdote marquante qui nous fait rire aujourd’hui mais pas du tout à l’époque. Nous étions programmés pour la première partie des Rita Mitsouko à la pépinière de Nancy, contrains de se désister pour sonoriser Pierre Meige à Metz le même soir, on ne s’est pas marré du tout et quelle expérience ça aurait pu être… Concernant « Best », pas la moindre idée ?

Pourquoi le groupe n’a-t-il pas poursuivi sa carrière après le premier 45t ? Qu’ont fait ensuite les membres d’Echo Prism ?

Tof et Boobie : Echo Prism a prospéré jusqu’en 1988, soit une demi décennie d’existence. À partir de 1988, les obligations de certains d’entre nous (scolarité, appel sous les drapeaux) ont fait que, comme pour la majorité des petites formations, le groupe a espacé ses répétitions pour finir par d’excellents souvenirs de jeunesse rock endiablée.

Boobie : Depuis cette époque de rêve et d’insouciance, certains membres du groupe ont encore un contact privilégié :Tof est toujours féru de studio et d’enregistrements, il a transmis sa passion à son fils Thomas qui a remporté récemment un tremplin régional, avec son groupe AZADI, à tendance reggae. Mat assure les rythmes et l’harmonica dans son groupe de Blues A 31. Nous sommes, hélas, sans nouvelles de Zouzou et Augustin. Pour ma part, j’ai intégré un groupe dans le sud de la France, Ze Wild Slugs, qui reprend des hits de rock/blues, à diverses occasions.

Votre 45t possède une petite cote sur les plates-formes de vente de vinyles ? Quel regard portez-vous sur les prix qui se font sur votre propre 45t ?

Boobie : (Sourire…) Je vois une cote à 60 euros… c’est par rapport à la qualité de la musique ou de la rareté du 7’’ ?…

Tof : Deux ou trois vinyles qui ont dû s’égarer sur la toile. C’est la toile ! Marrant toutefois !

Aujourd’hui, beaucoup de groupes se réclament de formation de votre génération et surtout de la même musique d’Echo Prism. Suivez-vous encore l’actualité musicale d’aujourd’hui et qu’en pensez-vous ?

Tof : Suis allé écouter Izia récemment en concert, de nombreuses sonorités savamment exploitées, ces claviers que nous avons bien connus, finalement, tant que c’est bon, on garde…

Boobie : Au même titre que le blues ou le reggae, la new wave a marqué son époque en apportant une pierre à ce gigantesque édifice que représente le 4ème art. Rien de plus normal que ce style soit toujours présent et repris par les jeunes générations. J’essaie de rester connecté à l’actualité musicale par le biais des radios, du bouche-à-oreille, ou en assistant çà et là à des petits concerts branchés.

Propos recueillis par Damien

 

 

   

 

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